Association de Psychologues Cliniciens d'Orientation Freudienne

Introduction à la séance “Mise en mots” – L’acte du clinicien et l’ouverture des espaces de création – 3eme Après midi – Atelier Psychologues à l’oeuvre – Le psychologue cré-acteur

Gaëlle BRIGARDIS

psy-CRÉACTEUR copy.jpgComme le pointait Dario Morales en introduction, “psy cré-acteur” n’appuie pas tant sur la créativité du psychologue, bien qu’il ait à être inventif pour proposer des dispositifs singuliers à chaque patient/usager/analysant, mais sur la nécessité du clinicien à s’engager comme acteur avec l’individu dans ce cheminement pour advenir lui-même acteur, par la mise en mouvement du corps et des mots, pour une mise en mouvement psychique vers une subjectivation. Il s’agit d’accompagner le mouvement de cette personne, d’être présent et disponible, afin d’être témoin et scribe des évènements, de soutenir sa création. Nous verrons aujourd’hui comment le clinicien est un point de repérage, faisant lien entre les espaces : l’institution, l’espace individuel et possiblement l’espace du social. Il est dépositaire d’une histoire, d’une trace, qui s’inscrit et qu’il porte dans différents lieux, ainsi liés et liant le corps, animant la pensée. Le clinicien ajuste donc sa position fonction des lieux et co-crée des dispositifs avec chaque personne pour qu’elle puisse créer, se créer : le processus de création étant un processus de transformation, amenant la personne à être actrice.

Celine Mélou-Sériey et Julien Bancilhon, psychologues sur des unités prenant en charge des adolescents psychotiques ou autistes, nous parleront de leur clinique singulière.

Céline nous témoignera de la manière dont elle s’est faite partenaire d’un jeune, introduisant des points d’arrêt dans son discours, dans son histoire, et soutenant ainsi une construction d’un savoir sur lui-même, l’amenant vers une subjectivation.

Julien nous parlera de la création d’un “espace journal”, en lien avec l’accompagnement individuel d’un jeune et son assemblage singulier de mots, vers une narration amenant le JE au travers du JEU. Le prolongement d’une création dans le groupe et à l’extérieur, met en valeur les ressources et compétences du jeune, au travers du feed-back du groupe élargi au social, sur l’objet papier ou voix créé.

Ce mouvement vers l’extérieur vient destigmatiser et dynamiser aussi l’institution.

Nous verrons comment le lien transférentiel privilégié noué avec ces jeunes permet de circuler d’un espace à l’autre, faisant corps, et comment le clinicien est vecteur de passage, créateur de ponts. Ce travail sur les mots est aussi un travail sur le corps : les sonorités ainsi matérialisées amènent une prise de conscience du corps, et son intégrité.