Association de Psychologues Cliniciens d'Orientation Freudienne

Atelier visibilité et opacité du corps. Que veut dire avoir un corps? – 43ème soirée clinique

Date / Heure :
19/11/2014
20 h 30 min - 22 h 30 min

Catégories :

Mots-Clefs :
corps, jouissance, langage


Prix: gratuit


affiche 19.11.14« Normalement, rien n’est plus stable en nous que le sentiment de nous-mêmes, de notre propre Moi. Ce Moi nous apparaît indépendant, un, et bien différencié de tout le reste. Mais que cette apparence soit trompeuse, que le Moi au contraire rompe toute limite précise, et se prolonge dans une autre entité inconsciente que nous appelons le soi et auquel il ne sert proprement que de façade, c’est ce que, la première, l’investigation psychanalytique nous a appris ».

« Nous sommes jusqu’au bout l’enfant de notre corps. Un enfant déconcerté ».

L’appréhension du corps au sens naïf du terme se présente au profane comme une évidence qui n’est pas nécessaire de démontrer. Il apparaît ainsi comme un « outil hyperspécialisé », réduit à son pur utilitarisme, basé sur la notion du volume du corps selon une logique euclidienne. Et même Chomsky, comme le note Lacan, tombe dans le piège de penser le corps naïvement, réduisant le langage à un organe dont la fonction serait la communication3.

La psychanalyse dans l’orientation de Freud et de Lacan subvertit complètement ces deux prémisses, troublant à jamais notre illusoire perception de nous mêmes dans notre rapport au langage. « Le parlêtre adore son corps parce qu’il croit qu’il l’a. En réalité, il ne l’a pas, mais son corps est sa seule consistance – consistance mentale bien entendu, car son corps fout le camp à tout instant »4.

Dans ce premier volet de cet atelier nous nous atélerons à restituer toute l’opacité au corps, par le biais d’une clinique du corps qui met de manifeste les mauvais traitements qu’un sujet peut s’infliger à lui-même, ces divers marquages du corps qui sont des solutions ratées pour se faire un corps. Nous ferons rentrer « ce pauvre convive » qu’est la jouissance, à la fête où ce corps « rayonne », révélant avec Lacan la « faille épistémologique » exclue de la science5.

1S. Freud, Malaise dans la culture (1929), PUF, 1971, Paris, p. 7.

2D. Pennac, Journal d’un corps, Paris, Gallimard, 2012. L’auteur écrit au sujet de ce texte qui vise de manière exemplaire notre sujet « En parlant – assez souvent – de l’angoisse dans ce journal, je ne parle pas de l’âme, je ne fais pas même de psychologie, je demeure plus que jamais dans le registre du corps, cette foutue pelote de nerfs ! », ibidem, p. 298.

3J. Lacan, Le séminaire, Livre XX : Encore, 1972-1973, texte établi par J.A. Miller, Paris, Seuil, 1975.

4J. Lacan, ibidem.

5J. Lacan, La place de la psychanalyse dans la médecine, Conférence organisé par Mme J. Aubry au Collège de Médecine en 1966, Lettres de l’Ecole Freudienne, 1967.

signé : Constanza Elicabe Broca

 

invités :

Vanina FONSECA ZAS, psychologue, Service de Maternité, Marc Jacquet, Melun (77)

Cécile GEFFROY, psychomotricienne, exerce dans l’Eure (27) et en CMP

soirée animée par 

Contanza ELICABE BROCA, psychologue, psychanalyste

Dario MORALES, psychologue (CHSA), Psychanalyste membre ECF, “Corpsification et consistance du corps”