Association de Psychologues Cliniciens d'Orientation Freudienne

Les soins “psy” en prison – 26ème soirée clinique

Date / Heure :
16/06/2010
Toute la journée

Catégories :


Prix: gratuit


affiche-16-06-10-prisonAlors que l’hôpital psychiatrique s’offre comme dernier recours à des sujets souffrant de leur rapport à l’autre, la prison est de plus en plus confrontée à une surreprésentation de personnes atteintes de troubles mentaux. Cette évolution éloigne les malades des lieux où ils pourraient recevoir des soins et instaure une sorte de continuité entre des lieux de ségrégation bien distincts placés sous le signe de la neutralisation sociale plutôt que du traitement. L’incarcération des malades mentaux, pourtant sans cesse dénoncée, transforme l’usage de la prison, par ailleurs de plus en plus discréditée comme technique de redressement des comportements, en lieu de la contention psychiatrique ; les conséquences de cette redistribution touchent les conditions même de la contention à l’hôpital ; la pratique psychiatrique et thérapeutique se trouve alors modifiée, les malades difficiles et violents, par exemple, une fois jugés coupables et dangereux, restent en prison. C’est là une distorsion, la prison n’ayant pas vocation à jouer le rôle d’hôpital psychiatrique. C’est pourtant ce rôle qu’elle va en quelque sorte remplir. Rappelons que la création des SMPR avait pour objectif le « dépistage » des pathologies psychiatriques présentées par les détenus entrant dans l’établissement pénitentiaire, les soins aux personnes détenues faisant partie intégrante de la politique de santé mentale du Secteur psychiatrique considéré.
Ces questions et d’autres seront abordées au cours de cette soirée mais sans négliger l’angle du sujet. Pour les détenus, l’incarcération est dominée par la double exigence judiciaire et carcérale. Comment peuvent-ils aborder, hors de ces contraintes, l’étrangeté et l’indicible de leur acte ? La procédure exige que soient restitués, dans une quête de vérité, la logique des faits, éclairées par l’objectivité des mobiles ; dès lors, comment se dégager d’une telle logique et restituer dans la complexité, la particularité d’une parole que tout en prison paraît vouloir effacer ? Quelle place accorder à la parole du sujet en souffrance, aux vacillations de la responsabilité, lorsque celui-ci est avant tout identifié à son acte ? La procédure s’évertue, parfois sans succès, à faire entendre raison de l’énigme qui accompagne certains actes ; à l’inverse, dans l’espace des entretiens proposés par les cliniciens, se défait l’illusion de « sens à tout prix », au profit des élaborations ou des constructions, voire de la simple trouvaille d’un point d’énonciation qui n’est pas sans interroger les fondements de tout acte. Soigner, au-delà de toute pathologie avérée revient donc à restituer une pointe de subjectivité et donc à traiter le sujet non pas comme passivé ou arrêté – condition habituelle du sujet en prison où règne l’impuissance – mais comme un sujet de plein droit qui consent aux soins, capable de se mesurer à l’horreur de son acte.

signé : Dario Morales

invités

Charles Casanova, psychologue, spécialisé en criminologie clinique, Centre de Jeunes Détenus (CJD), SMPR Fleury-Mérogis • José Rambeau, psychanalyste, psychologue,
MA Fresnes • Jean Boitout, éducateur spécialisé, coordinateur CRIAVS (Haute Normandie), vice-président de
l’ARTAAS • Dr Jean-Pierre Dumont, psychiatre, SMPR, MA la Santé, Paris

soirée animée par

Céline-Colliot Thélène, psychologue

Dario Morales, psychologue (CHSA), psychanalyste (membre ECF)