Association de Psychologues Cliniciens d'Orientation Freudienne

Conclusion – 33eme soirée

Affiche 14-03-12Dario MORALES

Face au bouleversement pulsionnel, l’adolescence éprouve un véritable traumatisme qui met en question le savoir de l’Autre. Ce bouleversement va au-delà d’un simple aménagement psychique d’un corps devenu pubère devant s’adapter à un nouveau statut social ; c’est à une véritable opération identitaire que le jeune sujet est confronté mettant en question son existence et sa relation à l’autre familial et social. Face à ces impossibilités s’expriment des symptômes qui touchent également la sphère sociale : la fuite, la délinquance, les addictions, la compulsion au jeu, etc, le plus souvent interprétés comme étant des comportements transgressifs ou déterminés par un sentiment de culpabilité inconscient qui échappe généralement au sujet, alors que leur trait distinctif relève plutôt du lien social et donc de la difficulté à pouvoir se débrouiller avec l’Autre. Le défi pour les cliniciens consistera à considérer la souffrance qui s’exprime par le symptôme comme un appel singulier au dire. Le sujet vivant jusque-là, le plus souvent, dans son cocon familial ; fort de son âge, il est invité à prendre progressivement sa place et sa parole, qui lui sont le plus souvent déniées ; en même temps il est secoué par les pulsions sexuelles, lesquelles demandent satisfaction en choisissant un objet qui s’avère dévastateur ou qui tarde à se manifester. C’est dans ce contexte que des troubles graves surviennent : les troubles du corps, l’angoisse, les tentatives de suicide, les passages à l’acte auto ou hétéro agressifs et parfois le déclenchement d’un épisode psychotique. Ces réponses pathologiques sont autant de tentatives d’extraction ou de réparation sauvage de l’objet. Ces symptômes interrogent radicalement le mode de structuration subjective : la psychose, par exemple, est une modalité de réponse aux questions fondamentales qui concernent son être, son existence, ses origines, sa façon d’être sexué ; moments où l’adolescent est confronté à une situation ne pouvant se fonder en acte de parole pour lui. Ici l’enjeu, pour lui, serait de trouver un appui qui lui permette d’accéder à une existence de sujet.