Association de Psychologues Cliniciens d'Orientation Freudienne

Ponctuer un itinéraire dans la psychose – 10ème journée d’étude

Date / Heure :
12/10/2013
9 h 00 min - 18 h 30 min

Catégories :

Mots-Clefs :
psychose


Prix: gratuit


itineraire copy

La rencontre entre le sujet psychotique et le clinicien (au sein de l’hôpital, H de J, CMP, CAC, etc) permet de redécouvrir la fonction non seulement soignante mais sociale de l’institution, seule réponse envisageable devant les effets de la jouissance très envahissante dans la psychose. L’institution vient alors à la place du lien devenu impraticable. Comment influe-t-elle sur la clinique ? Comment le cadre institutionnel est-il utilisé par le sujet selon sa structure propre ? L’existence sociale de l’institution ne saurait confondre deux dimensions : le soin – organisé selon une échelle temporelle qui va de la crise, à l’hospitalisation, aux consultations, aux lieux de vie, suivant la logique des traitements et d’autre part, la dimension du sujet. Comment chaque sujet fait-il de l’institution son symptôme ? L’institution aux prises avec le projet thérapeutique « pour tous », nécessaire à son fonctionnement, peut-il faire la place à la dimension du sujet – à la marque de l’itinéraire singulier et précaire que caractérise la psychose ? Cela a pour conséquence, que le clinicien ne puisse pas uniquement se situer du côté du savoir, ni se contenter d’adopter une oreille bienveillante, mais plutôt d’adopter la position de « secrétaire de l’aliéné » qui indique plutôt une façon de procéder permettant au patient de transcrire sa souffrance, son trop de jouissance, et de ponctuer son itinéraire ou cheminement personnel par un point de stabilisation, ou de compensation, ou de suppléance, voire de soutenir la création d’une invention sinthomatique. Ce qui est alors attendu, c’est le rassemblement de ce que le patient « dit » autour de quelques signifiants ayant fonction de point d’arrêt, de question ou de semblant. Comment lui permettre alors d’élaborer des solutions qui « tiennent » y compris quand il sort de l’institution ?

 

Matin

 

1) La réalité au sein de l’institution : le « travail » au singulier du psychotique


Le vécu pathologique va de pair avec une transformation de la réalité ; dans la névrose, le fantasme ; dans la psychose, le délire. La question pour le clinicien serait quelle place endosser, en être le secrétaire n’est pas à entendre comme une position passive de simple enregistrement ; au contraire, il faut être actif pour que les dires du sujet s’inscrivent comme un texte, avec la ponctuation, la coupure, afin que le patient construise par un point de stabilisation ou de compensation son propre rapport au symptôme ou à sa formation sinthomatique. C’est cela même le « travail » dans la psychose. Ceci amène à décentrer le rapport que l’institution entretien avec la réalité et pousse à s’orienter autrement dans les questions de la souffrance psychique et du ratage au singulier ; ceci va de pair avec le travail que fait le sujet psychotique, dans sa tentative de « réparation » du défaut fondamental dans l’Autre.


2) La krisis et les « contraintes » thérapeutiques


C’est dans les moments aigus de crise (qui va de la perplexité à l’hallucination, voire au passage à l’acte) qui s’inaugure ou se répète la rencontre avec le patient. Le clinicien doit prendre sur lui le fait de savoir faire résonner l’énigme (de ce qui s’entend dans la crise) pour laisser la place au travail du
patient. Ce travail est déterminé par son engagement. La fonction des équipes serait de soutenir le sujet
dans ce travail, mais non de le soigner contre son gré y compris lorsque le sujet quitte l’institution.


Après Midi


3) Itinéraires du corps, de la pulsion et du langage et la responsabilité du sujet


Au lieu d’être un parcours au sein des institutions, la clinique démontre la prévalence du parcours du
sujet et qui concerne sa condition de vie voire de coexistence ou de refus avec l’Autre social. La
lecture attentive de la triade corps, pulsion et langage révèle le mode d’être qui caractérise la position
du sujet psychotique d’être à la fois dans et hors du lien social. Il serait important d’interroger si la
psychose entraîne la mise en suspens ou pas du sujet de droit, en quoi consiste sa responsabilité devant
sa pulsion et/ou devant ses actes ?


4) Le soin « pour tous » sans forcément guérir


A la visée démocratique d’un « soin pour tous », cette séquence propose d’entendre une clinique qui
inscrive la parole du patient en tenant compte du transfert dans sa singularité libérée de l’idéal louable
mais imaginaire de la guérison. Au fond, c’est par cette amorce de parole – présente dans l’entretien
clinique mais aussi dans l’activité de groupe, etc – que se reconstruit patiemment la chaîne des
significations, entre ce qui revient toujours à la même place et l’invention qui permet à chaque patient
de cerner le réel en jeu dans la psychose. Le but n’étant pas forcément de guérir, mais d’inventer une
solution, compensation ou suppléance qui tienne durablement dans l’itinéraire personnel du sujet.

signé : Dario Morales

 

 

Gilbert JANNOT, psychiatre, psychanalyste, membre ECF, enseignant section clinique de Nice (06)

Alexandra De SEGUIN, psychiatre, CIAC, Hôpital de Longjumeau (91)

Luce MONIER coordination, psychologue, membre de l’UPPEA, CH Sainte-Anne (75)

Membres de l’UPPEA (enfants et adolescents), CH Sainte-Anne (75)

Fabrice PINON, psychologue, Hôpital Paul Guiraud (75)

Dario Morales, psychologue, psychanalyste, SMPR, Centre Hospitalier Sainte-Anne, paris (75)

Silvia LIPPI, psychologue, Hôpital de Longjumeau (91)

Noa FARCHI, psychologue, psychanalyste, Association-CAP Intervalle (75)

Reine HENAFF, psychiatre, CMP et Hôpital de Longjumeau (91)

Nadia ZAGUI AMORIM, psychologue, PJJ Arcueil (94)