Date / Heure :
07/02/2007
20 h 30 min - 22 h 30 min
Catégories :
Mots-Clefs :
expertise
Prix: gratuit
Lorsque les troubles du comportement se font acte et violence dans le passage à l’acte, les « affaires », une fois judiciarisées relèvent aussitôt du médical et du judiciaire. L’expertise vient ici occuper une place de premier plan permettant l’articulation du champ juridique et du champ psychiatrique. Une première approche met l’expert face à la responsabilité et à la punissabilité. Le juge fait appel à celui-ci pour lui demander un éclairage technique sur des questions qui concernent l’acte, l’état mental au moment du délit—d’où les questions relatives à la responsabilité et au discernement, mais aussi à la dangerosité et aux risques de récidive. Il s’agit, entre autre, dans l’acte de l’expert, d’entendre et de recueillir la parole du prévenu et/ou des victimes, de déterminer l’absence ou de la présence d’une pathologie mentale, d’apprécier éventuellement la crédibilité des déclarations des victimes. Offrant ses connaisances cliniques à la justice, l’expert devrait se référer à une éthique et à une clinique spécifique.
Car, il se trouve parfois pris entre plusieurs feux. En effet, si la responsabilisation judiciaire
de la maladie mentale, par exemple, pose la question, au cas par cas, de la valeur
thérapeutique de la sanction pénale et du soin adopté, l’avis de l’expert dépasse alors le
simple cadre judiciaire pour s’articuler à une démarche de soins qui peut démarrer à l’hôpital
ou en prison. La réalité est parfois plus prosaïque : devant déterminer la responsabilité et
donc le soin qui incombe aux psychiatres, en cas de jugement d’irresponsabilité, l’expert
peut favoriser la responsabilité et donc le maintien en prison. A l’heure des médias, des
consensus mous, de la psychiatrie qui centre sa pratique sur les recueils de symptômes et de
comportements (les DSM) au détriment d’un intérêt pour le fonctionnement de la
subjectivité, dans un contexte où les figures de l’autorité classiques se disqualifient, s’amorce
un mouvement de psychiatrisation de la peine qui pose avec acuité la nécessité d’aborder
avec recul les enjeux et les rôles de l’expertise, face aux dérives d’une société affolée et en
crise. L’expert est en effet interpellé de plus en plus dans des situations nouvelles, lors des
affaires qui touchent non seulement le sacré, la vie, mais des faits de société, les victimes,
les auteurs de violences sexuelles, etc…
Peut-être alors que, par un renversement majeur, l’expertise pourrait cesser d’être un simple
outil du discours judiciaire pour donner à penser de façon pluridisciplinaire la sanction et le
soin. Les acteurs n’étant pas uniquement ceux de la sphère judiciairemais tous les praticiens
qui interviennent dans les réseaux de la santémentale (psychiatres, psychologues, infirmiers,
éducateurs, etc), c’est la délimitation des places et des rôles qui permettrait alors l’émergence d’un autre type de processus d’élaboration. C’est l’expert qui indiquerait alors la nécessité et le soin. C’est le juge qui l’énoncerait. C’est le sujet criminel ou délinquant qui s’y engagerait.
Soirée animée par
Jacques Gauillard, psychiatre • Laurence Hemmler, psychologue • Dario Morales, psychologue
Invités
Michel Dubec, psychiatre, Expert près la Cour dʼAppel de Paris et de la Cour de Cassation
Daniel Zagury, psychiatre, Expert près la Cour dʼAppel de Paris, Chef de service, Ville-Evrard, 93300 Neuilly-sur-Marne
Alain Maurion, Psychologue, Psychanalyste, CHSA, Ancien Expert près la Cour dʼAppel de Paris
Caroline Protais, Doctorante en Sociologie, EHESS, sous la direction de Nicolas Dodier