Association de Psychologues Cliniciens d'Orientation Freudienne

La clinique confrontée à la sexualité et la loi – 9e soirée

 

La question du traitement des auteurs d’agression sexuelle fait régulièrement depuis plusieurs années l’objet de plusieurs remaniements juridiques et judiciaires : une telle problématique ne saurait laisser insensibles les professionnels qui s’intéressent aux rapports entre clinique et pratiques sociales de la santé.
Qu’y a-t-il de commun entre le vendeur de cassettes, le violeur de petites filles, l’exhibitionniste, et le père incestueux, si ce n’est la nature sexuelle de leur délit ? Ce qui fonde le caractère pathologique d’un comportement sexuel n’est pas à rechercher dans ses objets ou ses buts, dont l’inventaire obéit souvent davantage à un contexte socioculturel et ressort de choix éthiques et non de considérations cliniques, mais plutôt dans l’aliénation du sujet à sa sexualité même, dans la perte de sa liberté intérieure.
Désormais, la médecine semble moins être convoquée par la justice pour donner l’avis d’expert que pour guérir le criminel. Progrès dans le processus de médicalisation de la délinquance ? Le médecin, ou pour mieux dire le thérapeute serait aujourd’hui appelé à soigner le criminel, le délinquant, pour le rendre moins dangereux à la société. Apparaît à cette occasion la question des relations entre la répression, la contrainte et le soin dans une perspective où l’on ne peut ignorer l’éthique et la clinique. Comment conjuguer ces exigences contradictoires ?
Devant la « juridicisation » de ces affaires, le discours politique demande plus grande sévérité et cherche les solutions les plus radicales, telles l’exclusion définitive des auteurs d’agression sexuelle. Loin des propos simplistes et de déclarations péremptoires, il apparaît urgent de restaurer les voies de la raison. Elles ne peuvent être empruntées que si l’on examine le savoir et les pratiques déjà mises en œuvre par ceux qui suivent et soignent ces patients. Une telle rencontre pousse à découvrir au cas par cas dans quelle situation on devrait parler de psychopathologie ; la question que l’on pourrait examiner serait celle de la légitimité des soins et de leur finalité.
L’objectif de cette soirée est d’échanger et d’approfondir les questions cliniques, de confronter les approches avec les pratiques actuelles psychiatriques, juridiques, dans le cadre, par exemple, du suivi socio-judiciaire prévu par la loi du 17 juin 1998. Mais au delà, il ne faut pas oublier que derrière ces réseaux d’aide, derrière ces lois, il y a des sujets souvent en souffrance qui pourront se saisir de ce que l’on leur offre et se l’approprier pour tenter de mettre un terme à la jouissance qui le taraude.

signé : Dario Morales

invités

Marie Laure Susini, psychiatre – psychanalyste, ancienne PH, CHS Paul Guiraud (Villejuif)

Haberkorn, psychiatre, PH, et des membres de l’équipe de la consultation spécialisée de psychopathie (psychiatre, psychologue, infirmier)

CMP de la rue d’armaillé, Paris 17e

Denise Bouchet-Kervalla, psychologue-psychanalyste, ancienne intervenante au CMP

soirée animée par

Jacques Gauillard, psychiatre (CHSA),

Laurence Hemmler, psychologue (CHSA)

Dario Morales, psychologue (CHSA), psychanalyste (membre ECF)

 

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