Date / Heure :
17/03/2026
20 h 30 min - 22 h 30 min
Emplacement :
GHU-Sainte-Anne, Amphi MOREL
Catégories :
Mots-Clefs :
déception, dépression, désir, harcèlement "burn-out", objet, objet (versus sujet), suicide
Prix: gratuit
Quel effet produit la rhétorique managériale sur l’activité professionnelle des salariés, sur leur investissement et des effets qui se traduisent par la mise en retrait du désir, le « burn-out », les arrêts maladie, la déprime ? Cette rhétorique montre son exigence en premier lieu, lors des attentes protocolaires exposés dans ce qui est dévolu aux formes de gestion connues sous le nom « évaluation du personnel » dont la finalité est l’ordre normatif marquée par la performance, la rentabilité et le profit, mais colporte également l’idéologie du tout gestionnaire, du contrôle, associé de plus en plus au tout numérique est aux IA, qui tendent à résorber les singularités des salariés les affectant dans les registres de penser, s’organiser, produire.
Dans ce contexte, comment rendre compte du « désir du travail », et son essence, « l’acte de produire » ? Ces deux éléments nouent dans le « savoir-faire » du salarié, l’articulation qui présente simultanément et toujours de façon contradictoire les éléments subjectifs, le réel à l’œuvre que sont la parole, le manque, mais aussi l’envie d’apprendre, d’être reconnu et de jouir de son métier, éléments qui tendent à se masquer ou à s’effacer lorsqu’on sépare le travail de son essence de produire. Le manageur, autrefois le « contre-maître » est vécu comme « gentil » ou « méchant », sans « charisme », « psychorigide » ou « arbitraire » ; il est censé porter le focus sur l’investissement des salariés et relayer les exigences managériales, mais de multiples facteurs objectifs et subjectifs (des gains productivistes, de l’utilitarisme tayloriste aux propositions performatives des RH, etc…) atteignent la nature du travail écrasant le « désir de produire », au profit des procédures de surveillance, de contrôle et des statistiques. Par la mise en place des « bonnes pratiques », le salarié devenu un « collaborateur » devient un simple « objet », une simple valeur d’usage, se vit en « victime » du marché. Le salarié ne produit plus parce qu’il n’apprend plus ; il n’arrive pas à récupérer « la plus-value », le travail est alors marqué par sa négativité constitutive, tripalium, instrument de torture, finit par le dégouter, il en souffre et s’ensuivent des troubles et symptômes.
Lors de cette soirée, les intervenants, à partir de situations réelles, parfois dramatiques, interrogeront cette part négative qu’organise le travail de nos jours où foisonnent l’épuisement ou « burn-out », le harcèlement, la dépression, la déception, le suicide, autant de formes symptomatiques que le salarié porte négativement délogeant son rôle « d’agent désirant » au profit d’un « sujet passivé », sans autonomie, fétichisé. Le travail thérapeutique aura pour but d’entendre au-delà de l’ambivalence qui suscitent ces situations en souffrance, le réel à l’œuvre, afin de soutenir le sujet du désir dans la vérité de son être et non dans la vérité de l’échec ou de la maîtrise de la réalité du travail. La thérapie permet de révéler que le salarié est l’acteur là où il semblait être la « victime » d’une situation qui semblait définitivement lui échapper.
Présentation : Luis-Carlos DAVILA, psychologue clinicien du travail, Paris (75017)
Invités : Danielle CARDIS, psychologue du travail, clinicienne du travail, Grenoble (38) ; Sandra DANINOS, psychiatre, Vincennes (94) ; Luis-Carlos DAVILA, psychologue clinicien du travail, Paris (75017) ; Thomas LIEUTAUD, médecin du travail, ancien anesthésiste-animateur, spécialiste des risques psycho-sociaux, Grenoble (38)
Soirée animée : Dario MORALES, Psychologue clinicien GHU (75), psychanalyste membre ECF (78)
