Date / Heure :
27/01/2024
9 h 00 min - 17 h 00 min
Emplacement :
GHU-Sainte-ANNE, Amphi Morel
Catégories :
Mots-Clefs :
Adiction, jouissance, symptôme
Prix: 15€
La clinique nous apprend que rien d’universel n’est à attendre de la relation qu’entretien l’humain aux objets, le destin contemporain ravale l’humain au statut de consommateur, l’objet est alors au centre des dérives subjectives liées à la consommation, aux frustrations qu’il suscite, aux idéaux de propagande qu’il sollicite et aux modes de jouissance qui garantit sa possession, etc. La clinique dévoile la logique implacable des discours dominants qui à l’aide des signifiants toujours plus performants, s’adressent au plus singulier de chacun, nourrissant ainsi l’illusion d’une solution par l’objet, alors même que la solution révèle que le ratage est de structure. Jamais aucun objet ne pourra combler le gap entre la recherche de sens, de jouissance et le réel. Si le triomphe de l’objet tourmente jusqu’à rendre addict, dépendant, la voie que prône la clinique est de tenter la séparation, le détachement à l’objet et sa reconnaissance dans le fantasme ; plus radicalement encore, faire un pas vers le hors-sens, afin de cerner le réel. Le détachement s’obtient par les effets de la coupure dans l’interprétation, par la prise en compte des signifiants de l’aliénation et aussi via l’interprétation via la lettre, du réel en jeu.
Première table ronde – L’addiction à l’objet
Initialement le terme d’addiction était réservé pour décrire le comportement des toxicomanes, c’est-à-dire ceux dont l’objet pris ici comme produit, vise une jouissance du corps. De quel objet s’agit-il pour quelle jouissance ? Paradoxalement, aujourd’hui on peut être addict à tout et pas forcément à un objet en particulier, on parle ainsi : « d’addiction sans produit », cela ne veut pas dire qu’elle est sans objet. On pourra passer en revue, toute une panoplie d’objets qui tentent de résorber le manque – le gavage généralisé du consumérisme qui touche, le champ alimentaire, sexuel, travail, bien être, etc. Le foisonnement d’objets derrière les vitrines, sont faits pour causer le désir. Cette table ronde aura pour objectif de donner la mesure des injonctions qui poussent à l’addiction, incarnée initialement par le produit, afin de rendre la dimension de l’objet moins fascinante et hypnotique, afin de resituer l’objet au regard du processus de subjectivation et pouvoir restituer la part de désir.
Deuxième table ronde – Le discours du marché ou la peur de manquer
La contrepartie de l’addiction est la peur de manquer que chacun peut ressentir. D’un manque intime propre à chacun, où Freud a reconnu « l’objet perdu », effet de la première séparation vitale, le marché en fait un argument de vente. Le marché se présente, en effet, sans le dire, comme pouvant combler le vide originaire, usant les ressorts affectifs, du « coup de foudre » ou du « coup de cœur ». Un affect, la frustration, la gourmandise, la convoitise, etc disqualifie l’objet déjà consommé au profit du suivant, plus prometteur de jouissance, avec ce paradoxe où il faut à la fois que l’objet promette de récupérer de la jouissance et que l’autre, préserve le sujet de la rencontre avec das Ding (La Chose) qui mette un terme au désir ! Il serait intéressant, de déployer ici, l’influence du discours de l’hystérique/obsessionnel, présent dans « la sexualisation du marché », sous les deux versants extrêmes que sont la part anorexique qui fait grève de la consommation et de l’autre, l’acheteur compulsif qui obéit au commandement surmoïque du discours dominant. Cette table ronde aura pour objectif de mieux cerner la place du symptôme subjectif qui se cache derrière l’envie de gadget, modalité symptomatique du consumérisme sociale.
Troisième table ronde – Se dispenser de la castration
Le discours capitaliste est un discours qui offre au sujet l’idéal de l’autosuffisance. Il promet au sujet l’objet qui le guérirait du manque. Le rapport à la pulsion exige sa satisfaction à travers un circuit qui part du sujet pour revenir à lui. La pulsion fait ainsi le tour de l’objet, d’un objet idéalement adéquat à la satisfaction qui en réalité n’existe pas. Le sujet espère ainsi rencontrer l’objet avec lequel la jouissance serait totale. Pour arriver à un tel résultat, le discours consumériste le dispense de passer par l’autre – y compris dans le lien social (illustrée par la défiance envers la fonction de l’autorité ou le rejet envers la fonction paternelle) – sauf lorsqu’il s’agit de jouir. S’il se passe de l’autre, cela lui permet d’échapper ainsi à la castration en tant que marque de l’interdiction de la jouissance. Refusant la castration, l’addict s’isole avec son objet, qui parfois lui assure « son seul » nouage vital. Parfois déboussolé, il s’adresse au clinicien au nom d’un symptôme-jouissance : boulimie, anorexie ou addict, au sexe, au porno, aux séries TV, au beuveries, etc. Dans cette table ronde il s’agit de cerner les liens entre pulsion et fantasme. En sollicitant la pulsion, tout objet peut devenir addictif, « être accro » qualifie un comportement répétitif. En outre, le rapport à l’objet met en place un scénario imaginaire qui disqualifie en apparence le rapport du sujet à l’Autre et à son corps. Au final, le fil conducteur est l’angoisse qui infiltre ces comportements, comme réaction au réel que le sujet rencontre, confronté au « trop » qui vient saturer la place du manque, avant même qu’il n’apparaisse. L’addiction est ainsi la « racine du symptôme, dont la répétition commémore une irruption de jouissance inoubliable1 . L’addiction est une jouissance qui embarrasse dont le but clinique est de faire rentrer le sujet addict dans un discours qui ordonne des éléments initialement épars, refoulés ou déniés, afin de l’alléger de son « trop » de jouissance.
Quatrième table ronde – La cure décharite
A la différence du discours du capitaliste qui met l’objet au centre des dérives subjectives, le discours de la psychanalyse, met au travail la division du sujet. La clinique ne promet pas la solution par l’objet dont elle met au contraire en évidence le ratage qui est de structure. Un objet structural qui s’impose et qui encombre le système contemporain pour lequel toute une industrie se développe, le déchet. Cet objet encombrant, le reste, la clinique a appris à le traiter. Si le destin de l’objet industriel est d’être au bout du compte un déchet, la clinique retire et extrait de l’épure de l’objet, le réel qui est en jeu. Au final, quel est l’objet de la cure ? C’est un trajet qui va de l’attente de…guérir, à ce qui fait coupure, office de castration pour le sujet. Souvent, le patient fait le « sacrifice » pour mieux garder le lien à l’objet. Quid pour le clinicien ? Il a à sa charge de faire de sorte que l’objet a qu’il incarne produise dans le trajet de la cure un effet de boule de neige, de sorte que l’objet a devienne le déchet d’une jouissance non recyclable, et chute. Le clinicien en tant qu’il veille à ce qu’il se produise de l’objet a, sait en être ce rebut. Ce n’est donc pas étonnant pour ceux qui initialement croient trouver auprès du clinicien, le psy jetable, en demandent encore, car, le clinicien indique quand même la voie d’une sortie de l’impasse : extraire l’objet a de la gangue des choses, pour donner à cet objet, la dignité d’un désir inédit et dans l’ordre du réel, un désir de savoir marqué par la castration.
1 Miller, J.-A., « Lire un symptôme », Mental, n°26, p.58