Date / Heure :
27/01/2024
9 h 00 min - 17 h 00 min
Catégories :
Mots-Clefs :
Adiction, jouissance, symptôme
Prix: 15€
9h30 Présentation : Dario MORALES, psychologue clinicien, (GHU-Sainte-Anne), psychanalyste, membre ECF (78)
9h45 Ouverture : Pierre SIDON, psychiatre, PH, Directeur du département d’addictologie (CSAPA-UDSM), Champigny sur Marne (94), psychanalyste, membre ECF (75), « L’objet du mépris »
10h15 1e séance : « Et pourquoi ? La fonction de l’objet partenaire ! »
Président de séance : Patrick ALMEIDA, psychologue clinicien, coordinateur du pôle clinique de l’EPOC (75), membre ECF (75)
Thomas DAIGUEPERCE, psychologue clinicien, service de pédopsychiatrie des Haut de Seine (92), psychanalyste (75), « La fabrique de bouchon »
Constanza BROCA, psychologue clinicienne ; psychanalyste (75), « La fuite de Mr Monde »
11h30 2e séance : « Encore, encore »
Présidente de séance : Claire JOSSO – FAURITE, psychologue clinicienne (CHSA), CMP adolescent et libéral, psychanalyste, (75)
Dominique CORPELET, psychologue clinicien, psychanalyste, membre ECF (75), « La série et l’infini »
Dario MORALES, psychologue clinicien, (GHU-Sainte-Anne), psychanalyste, membre ECF (78), « Un symptôme – jouissance »
14h30 3e séance : « La peur de manquer »
Président de séance : Dominique CORPELET, psychologue clinicien, psychanalyste, membre ECF (75)
Caroline MANET, psychologue clinicienne, psychanalyste, Vincennes (94), Bar-sur-Aube (10), « Tri sélectif »
Claire JOSSO – FAURITE, psychologue clinicienne (CHSA), CMP adolescent et libéral, psychanalyste, (75) « Accroc dans le fantasme »
16h00 4e séance « Se dispenser de la castration »
Président de séance : Dario MORALES, psychologue clinicien (GHU-Sainte-Anne), psychanalyste, membre ECF (78)
Gwénaële CASTELLANI, psychologue clinicienne en libéral (76), « C’est dégueulasse »
Bernard JOTHY, psychiatre, psychanalyste, AP, membre ECF (75), « Le présent d’une illusion »
Jacqueline JANIAUX, psychologue clinicienne, consultante à L’EPOC (75), psychanalyste en libéral (94), « Droguée de douleur »
17h50 : Conclusion : Serge RAYMOND, psychologue hospitalier honoraire, EPS Ville-Evrard, expert auprès de la Cour d’appel (75)
La clinique nous apprend que rien d’universel n’est à attendre de la relation qu’entretient l’humain aux objets, le destin contemporain révèle plutôt qu’ils sont au centre des dérives subjectives liées à la consommation, aux frustrations qu’ils suscitent, aux idéaux de propagande qu’ils sollicitent et aux modes de jouissance qui garantit leur possession, etc. La clinique dévoile la logique implacable des discours dominants qui à l’aide des signifiants toujours plus performants, s’adressent au plus singulier de chacun, nourrissant ainsi l’illusion d’une solution par l’objet, alors même que la solution révèle que le ratage est de structure. Jamais aucun objet ne pourra combler le gap entre la recherche de sens, de jouissance et le réel. Si le triomphe de l’objet tourmente jusqu’à rendre addict, dépendant, la voie que prône la clinique est de tenter la séparation, le détachement à l’objet et sa reconnaissance dans le fantasme ; plus radicalement encore, faire un pas vers le hors-sens, afin de cerner le réel. Le détachement s’obtient par les effets de la coupure dans l’interprétation, par la prise en compte des signifiants de l’aliénation et aussi via l’interprétation via la lettre, du réel en jeu.
Première table ronde : « Et pourquoi ? La fonction de l’objet partenaire ! »
Initialement le terme d’addiction est souvent réservé pour décrire le comportement des toxicomanes, c’est-à-dire ceux dont l’objet provoque une satisfaction mais qui devenu « accroc », il ne peut plus vivre « sans ». Chaque cas d’addiction montre une consommation qui laisse le plaisir derrière soi. De quel objet s’agit-il alors, pour quelle jouissance ? Et si ladite satisfaction n’était pas autre chose qu’un plus-de-jouir ? L’addiction vise ainsi une jouissance qui sert de bouchon, au désir par exemple, séparée du signifiant et des lois du langage. De cet objet désormais aux commandes, la question serait pour qui ou pour quoi ?
Deuxième table ronde : « Encore, encore !»
Le sujet peut être embarrassé d’une addiction dont la « répétition » commémore une irruption de jouissance inoubliable, survenue lors de l’impact du signifiant sur le corps. Cette jouissance est Une, elle ne fait pas une addition. Dans l’addition, il s’agit d’une succession qui se compte et qui s’additionne. Il y a une accumulation du même avec Un, avec un gain. Inversement dans l’addiction il y a une réitération du même phénomène, du même Un mais il n’y a pas de gain. Cela ne s’additionne pas, c’est une pure répétition de jouissance. De cette expérience le sujet ne tire qu’un enseignement imaginaire ou idéal ou encore compensatoire, seule la rencontre avec le clinicien peut faire promesse d’introduire du nouveau. Il fait ainsi l’expérience d’ordonner autrement les éléments de son vécu « addictif » et finir par « se démarier », s’alléger de son trop de jouissance, la où la consommation suspend toujours la question du désir.
Troisième table ronde : « L’impératif et la peur de manquer »
La contrepartie de l’addiction est la peur de manquer que chacun peut ressentir. D’un manque intime propre à chacun, où Freud a reconnu « l’objet perdu », effet de la première séparation vitale, le marché en fait un argument de vente. Le marché se présente, en effet, sans le dire, comme pouvant combler le vide, usant les ressorts affectifs, du « coup de foudre » ou du « coup de cœur ». La présence des affects, la frustration, la gourmandise, la convoitise, etc disqualifient l’objet déjà consommé au profit du suivant, plus prometteur de jouissance, avec ce paradoxe où il faut à la fois que l’objet promette de récupérer de la jouissance et que l’autre, préserve le sujet de la rencontre avec das Ding (La Chose), le pur manque qui mette un terme au désir ! Il serait pertinent de déployer ici les impératifs de la consommation où le sujet s’y engage sans répit, sollicitant toujours plus la pulsion, n’ayant parfois pour solution d’arrêt que la fuite ou son effacement. En prenant appui sur la référence au temps, trouvaille qui permet de « se supporter », le sujet inscrit ainsi autrement dans l’expérience de l’analyse, l’attente, le manque, non pas dans leur dimension métonymique mais de perte qui mobilise l’angoisse mais aussi le désir, sous-tendu par le fantasme. L’addiction au final viendra révéler qu’elle n’est rien d’autre que la racine du symptôme !
Quatrième table ronde : « Se dispenser de la castration »
La consommation offre au sujet l’idéal de l’autosuffisance en lui promettant l’objet qui le guérirait du manque. Le rapport à la pulsion exige sa satisfaction à travers un circuit qui part du sujet pour revenir à lui. La pulsion fait ainsi le tour de l’objet, d’un objet idéalement adéquat qui en réalité n’existe pas. Pour arriver à un tel résultat, le discours contemporain énonce que « rien n’est impossible » et le dispense de passer par l’autre – y compris dans le lien social (illustrée par la défiance envers la fonction de l’autorité ou le rejet envers la fonction paternelle), cela a pour effet de préserver le sujet afin de rester isolé avec son objet de jouissance évitant ainsi la constitution du symptôme. Ce nouage lui permet d’échapper ainsi à la castration en tant que marque de l’interdiction de la jouissance. Dans cette table ronde il s’agit de dénouer les liens entre pulsion et fantasme et d’assurer une césure entre le sujet et l’objet, entre le signifiant maître et son objet a, afin que le sujet puisse dénuder le symptôme de son enveloppe aliénante..