Date / Heure :
18/11/2025
20 h 30 min - 22 h 30 min
Emplacement :
GHU-Sainte-Anne, Amphi MOREL
Catégories :
Mots-Clefs :
addiction, jeux d'argent, jouissance
Prix: gratuit
Jouer en effet n’est pas en soi pathologique. On dira qu’il relève d’une addiction lorsque cette pratique devient frénétique, répétitive, irrépressible et donc dévastatrice pouvant mettre à mal les repères psychopathologiques classiques, entre névrose, psychose et perversion. Le caractère « irrationnel » est mis en évidence par l’inéluctable rapport à la perte alors même que le joueur croit défier tout calcul de probabilités, en imaginant dompter, domestiquer le hasard. A ce titre-là, le jeu pathologique pour l’argent est un pari risqué ayant une portée clinique considérable : le joueur quoi que l’on se le dise, ne joue pas fondamentalement pour un gain d’argent, à quoi donc est-il “addict” ? D’un côté sa pratique divise et ruine le sujet, il est pris au piège dans une succession d’échecs et de gains. A chaque fois qu’il gagne il est galvanisé et euphorique qu’on peut assimiler au plaisir, par contre quand il perd, il en découle frustration et déplaisir mais de l’autre, le jeu obéit à une logique subjective, car en tentant de forcer le hasard à l’image de l’art divinatoire, il veut obtenir d’un Autre, qui se montre opaque et sourd à toute dette ; néanmoins le sujet aimerait trouver par ses faveurs, réponse et reconnaissance de son exception, « j’ai déjà suffisamment payé, à toi maintenant de me dédommager ». Le jeu étant en quelque sorte l’artifice qui permet d’obtenir de cet Autre non seulement le gain mais également prendre l’avantage sur lui et lui damer le pion. Or, on ne défie pas, par le démon du jeu, inutilement l’Autre, car accessoirement, le surmoi du sujet lui fait chèrement payer ! D’où la série présente chez les forcenés du hasard, dépense, espoir que suscite la chance, chute et au final, recherche de signification, châtiment de soi, besoin de punition. Mis en lumière par la clinique, sous l’égide de la voix intérieure, le sujet joue, tente d’essuyer sa dette, entrainant un paiement sans fin. Le sujet est confronté sans remède à perdre sans payer le prix de la perte ou de la castration. Cet objet n’est pas visible, il est mis de côté, refoulé, dénié ou forclos ! Seul le travail thérapeutique peut en rendre compte ; la tâche du clinicien serait en quelque sorte de soutenir le joueur à découvrir, les causes de son addiction mais aussi de mieux cerner le véritable jeu qu’il entretient avec l’Autre et la nature du gain qu’il en escompte. Et si du moins il est prêt à payer le prix d’une remise en jeu, à ce jeu, à qui perd, gagne !