Association de Psychologues Cliniciens d'Orientation Freudienne

72ème soirée d’échanges cliniques- le décrochage scolaire et le débranchement subjectif – 9 janvier 2024

Date / Heure :
09/01/2024
20 h 30 min - 22 h 30 min

Catégories :

Mots-Clefs :
apprentissage, Décrochage scolaire, scolarité, symptôme


Prix: gratuit


Quelles questions soulèvent le décrochage scolaire dans le rapport au savoir et la scène intime de
l’adolescent ? L’adolescence devrait être pensée comme un processus dynamique, passage qui
trouve sa spécificité dans le fait qu’elle ferme un cycle, le décrochage d’avec l’enfance, les savoirs
infantiles, les imago parentales et l’école primaire et en même temps (re)accrochage avec la scène
scolaire du secondaire, les savoirs extra-scolaires, les prémisses du lien à l’autre social et le réveil
sexuel. Ce processus montre une dynamique contradictoire – parfois les espaces se confondent ou
s’écartent : le bon élève sans histoire se mue en fugueur désobéissant, le désir d’être soi-même
passe par des phases de rejet de l’autre ou de refus de son autorité ; la parole se mue en silence ou
refuge dont il faudra un long cheminement intérieur et secret pour la réinscrire. On pourrait
répertorier une kyrielle de symptômes, des comportements qui viennent révéler cette difficile
inscription dans le rapport à l’Autre et à soi, illustrant leur débranchement subjectif : fugues,
délinquance, toxicomanie, suicide et une infinité des comportements transgressifs à risque, etc.
Ici, nous nous attarderons uniquement aux difficultés qui relèvent de l’école. L’école ouvre en effet à
la conquête du savoir mais également à l’identité dans l’espace social, aux rites d’initiation tribale
mais aussi au désenchantement et à la chute des semblants infantiles ; les identifications se
succèdent, l’enseignant peut être un point d’appui, en aucun cas un substitut parental, d’ailleurs ils
adressent à ceux-ci leur ambivalence acquise dans la famille. Mais il arrive aussi qu’un sentiment
d’auto-exclusion fasse vaciller tout repère ; on parle alors de « phobie scolaire », de désinsertion, de
« décrochage », d’adolescent « ingérable », « explosif », « récalcitrant à toute aide ». Cette crise de
l’insécurité doit être lue à la fois comme un symptôme social et une esquisse de symptôme
individuel. Par ses représentations, l’école incarne du coup la part sociale, à nous les intervenants
enseignants, cliniciens à accompagner différemment l’adolescent pour qu’il puisse se démarquer et
exister dans sa propre identification, à l’intérieur de son propre choix symptomatique, à partir de la
façon dont il arrive à traduire avec ses mots à lui, la nouveauté qu’il traverse, surtout au moment ou
son corps et sa pensée se transforment.
A partir de ces axes que l’école dévoile, les apprentissages, le savoir, la scène intime en construction,
nous aimerions interroger et discuter leur statut à l’adolescence – il ne s’agit pas d’empêcher
l’adolescent en grande difficulté qui peut trouver dans les études une manière nulle autre pareille de
circuler dans son univers, et de poursuivre les études malgré les limites qu’impose son vécu
symptomatique ! Au contraire, c’est un pari, certains sont volontaires et par leur initiative ils
témoignent de leurs trouvailles sans forcément abandonner l’école !

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